La souffrance
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Afin de comprendre au mieux la souffrance, il faut, tout d’abord, nous plonger dans comment notre esprit peut comprendre les situations que nous vivons au quotidien et, comprendre comment notre esprit peut les appréhender. Il y a plusieurs catégories de compréhension et d’appréhension suivant la nature de ses situations.
La première catégorie de situation :
Ce dont nous pouvons faire l’expérience direct, donc l’évidence, qui nous permet de vivre directement la situation sans réfléchir et sans nous soucier d’une quelconque compréhension ou appréhension.
Par exemple : Lorsque nous entendons un son, lorsque nous goutons quelque chose, ça c’est pour la perception des objets extérieurs. Également pour ce qui est des sensations intérieures, la sensation de joie ou de souffrance ou une sensation neutre. Tout cela on peut l’apprécier directement.
Autre exemples: Si notre intention est correcte ou déplacée. C’est à dire si nous avons une mauvaise intention ou une bonne intention.
Tout cela, nous pouvons en faire l’expérience directe.
La deuxième catégorie de situation :
Après avoir fait un certain examen de cette situation, après avoir eu une certaine réflexion, soit par déduction donc plus poussée, parce que la situation n’est pas évidente à première vue, mais que cette situation reste accessible à notre analyse et cela nous permet d’arriver à la compréhension de la situation.
La troisième catégorie de situation :
Ce sont les situations qui ne sont pas tout de suite accessibles à notre connaissance, quelque soit les efforts de réflexions et d’analyse ou de déduction que nous pouvons faire et pour lesquelles nous devons nous en remettre aux témoignages d’une troisième personne. Parce que ces situations nous sont pour l’instant cachés et donc ne sont pas immédiatement accessible.
Ce qu’il faut pour avoir une juste compréhension des situations, c’est que nous ayons un mode de connaissance qui soit valide. Il faut pour cela que notre intellect, notre esprit ainsi que nos sens ne soient pas confus. C’est à dire que nous passions à l’observation continuelle de notre esprit afin de mieux cerner ses habitudes, ses penchants, ses tendances à reproduire certains schémas etc. En d’autre termes et comme le dit Bouddha: « Dompter ou plutôt maîtriser et peut être avec moins d’implication, connaître la totalité (l’omniscience) de cet esprit qui est le notre afin de nous libérer de l’ignorance. »
Dans ces catégories de situations il y a aussi le phénomène de mémoire.
C’est quelque chose d’assez complexe à comprendre. On se rappelle d’actions de notre corps que nous avons, tel ou tel jours dans le passé, été acheter des provisions… par exemple
Et certes notre corps a entièrement changé depuis, c’est à dire que toutes les molécules de notre corps se sont transformées, mais il y a une continuité entre le corps et la conscience qui fait qu’on se souvient d’expériences ou de situations passées plus ou moins bien.
Cette continuité fait aussi que certaines personnes se rappellent de situations ou d’expériences dans des existences passées. C’est quelque chose qui se produit parfois même avec des personnes qui n’ont aucune croyance, dans le phénomène des renaissances ou dans la continuité de la conscience. Mais il y a eu des cas précis notamment chez les enfants qui reconnaissent des lieux, des personnes ou même des familles. Alors on pourrait ce poser la question : »Mais d’où viennent ces mémoires ? »
Pour ce qui est des objets on peut les mesurer, mais lorsque c’est simplement un sentiment, une pensée ou une mémoire on ne peut pas la mesurer comme un phénomène ou une situation physique.
Tenir compte aussi des influences qui peuvent se produire sur les situations :
- Les situations du monde de la forme
- Les situations animés.
Pour ce qui est de la forme, il y a aussi une compréhension des situations à porter à notre connaissance. C’est lorsque des situations extérieures provoquent des circonstances qui sont favorables, les situations vont alors s’épanouir, se développer et, lorsque les situations sont défavorables, les situations vont alors diminuer.
De même lorsque nos sentiments et des situations de la pensée, et le simple fait de faire l’expérience de quelque chose d’un point de vue purement de la conscience, il y a aussi des causes et des conditions adverses et favorables qui font que certains sentiments ou certains évènements mentaux vont se renforcer et d’autres vont perdre de leur forces.
Cela s’applique aux différentes transformations des situations. Aussi bien les causes extérieures qu’intérieures, les situations animées ou les situations inanimées vont se développer ou se réduire suivant l’influences favorables ou défavorables.
Par exemple: si nous avons une substance matérielle et nous la mettons avec une autre substance, il peut y avoir une réaction qui fait qu’il y a une transformation.
De façon identique et pour le flux de notre conscience, il peut y avoir des pensées qui s’ajoutent à ce flot de conscience et, qui vont, de ce fait, modifier les caractéristiques de ce flot de conscience.
Donc si l’on comprend ce jeu des situations, des phénomènes de l’interdépendance des causes et des effets, on peut en déduire des règles de transformation. On pourrait se dire si on veut atteindre tel ou tel but, si l’on a besoin de cela, ce sera tel ou tel phénomènes ou situations qu’il faut mettre en œuvre, telles ou telles conditions qu’il faut développer. Si l’on veut se débarrasser d’une autre chose et bien ce sera telle autre situation ou phénomène, causes ou conditions qu’il faudra mettre œuvre pour arrêter cette chose. Mais ceci reste encore dans la démarche d’un résultat et peut être nécessaire pour bien comprendre comment s’articule la nature des situations ou des phénomènes que nous vivons.
Il y a tout ce jeu d’influence qui se produit lorsqu’on introduit de nouveaux éléments qui n’étaient pas présent auparavant et qui permettent de transformer aussi bien les phénomènes matériel et les caractéristiques du flot de notre conscience.
Tout ceci, bien évidement, est pour vous montrer que notre esprit est en interdépendance avec les phénomènes ou situations extérieurs et intérieurs et que nos souffrances viennent tout simplement de comment nous regardons, comment nous observons les situations ou les phénomènes qui se produisent autour de nous et que nous vivons quotidiennement.
Ainsi il est plus qu’important de porter notre attention sur le fonctionnement de notre esprit (pensées et émotions), et de garder une certaine vigilance de notre observation pour ne pas s’arrêter d’observer et laisser les pensées et les émotions reprendre le contrôle de notre esprit. Pourquoi garder cette vigilance d’observation ? Et bien tout simple pour laisser notre subtilité, c’est à dire notre nature véritable, s’exprimer sans tendances, sans altération et ainsi faire naître le bonheur inconditionnel que tout être humains s’évertue à chercher.
Ainsi pratiquer nos intuitions profondes, notre vision claire fasse aux situations de chaque instant passe par l’observation de notre esprit ainsi que des interdépendances et inter-relations des phénomènes vécues dans notre vie.
Je terminerai cette article par le commentaire de Nāgārjuna
« Pour ceux qui pensent que les choses naissent, demeurent, et disparaissent, il faut dissiper ce malentendu en comprenant la survenue en dépendance et, le fait que tous ce que nous percevons et portons à notre esprit grossier ne sont que des étiquettes. » – Nāgārjuna
Sur le chemin
Hervé
Propos inspirés par l’enseignement « La lampe pour la voix de l’éveil » à Pomaya de Sa Sainteté le 14ème Dalaï Lama