Se mettre en vacance
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Nature
les intuitions. Notre esprit, habitué à penser, à rechercher la meilleure solution à un problème ; et notre mental en crée de nombreux à chaque seconde ; notre esprit, habitué à créer continuellement, à faire quelque chose, parfois à faire n’importe quoi, il est très difficile d’arrêter ce flux de pensées et de se mettre en vacance.
Nous ne pouvons pas considérer ce flux de pensées comme mauvais. Parce qu’il est un des maillons qui soutient la totalité de notre être dans notre fonctionnement d’aujourd’hui. Et avant de considérer notre esprit comme mauvais, il est temps de poser le regard sur une vaste étendue qu’est notre être, avec ses vicissitudes de la vie, nos aspirations, nos tendances passées, présentes et futures etc.
Ce flux de pensées, parfois imposant, parfois insoutenable, débordant même, mais aussi faisant partie des piliers de notre être tout entier, nous donnant une stabilité, une consistance, une existence parfois, nous confère la difficulté de se mettre en vacance.
Ainsi cet état, que nous pourrions considérer comme de l’arrêt, pour quelqu’un qui est toujours en mouvement, n’est pas chose aisée et le monde occidental dans lequel nous vivons ne nous aide pas non plus à nous rapprocher de notre mise en vacance.
Si je fais un peu d’histoire, sans remonter bien loin, nous avons toujours été initiés à bouger, à faire quelque chose mais surtout à rester dans les extrêmes. Toujours en action. Et il est parfois difficile de se rendre compte que grâce à cette mise en action ou à cause de cette mise en action, nous sommes toujours en mouvement continuel. Et se mettre en vacance se révèle être pratiquement hors de portée. Alors que pour certaines personnes ce serait même indispensable.
Nous avons été habitué, il y a bien longtemps, à pratiquer les extrêmes. Quels sont les extrêmes dont je parle ?
C’est tout simple. Si nos habitudes d’être toujours en mouvement font parti de notre quotidien, c’est parce que ces mouvements nous ont été transmis depuis des générations. Il y a bien longtemps, et pendant longtemps, nous vivions par le rythme des religions. Que cela soit par le christianisme avec les cloches de l’église qui annonçaient les offices et même les heures piles de la journée et parfois même les demi-heures ou encore la visite du curé, que cela soit l’islam avec les prières quotidiennes, que cela soit le judaïsme avec le shabbat (je ne prends là que de simples exemples), ou que cela soit dans toutes autres religions, le Bouddhisme par exemple avec la pratique de chaque instant, nous devions nous fondre dans ces philosophies et respecter le rythme.
Tout tournait autour de cette activité et notre quotidien s’en trouvait rempli. Même la musique était voué à la religion. Que cela soit de la musique sacré, en passant par les chants des offices ou encore les chants liturgiques, les chants dans le travail, la plupart des musiques étaient vouées au dieu créateur et bien souvent ces chants étaient des prières. Aujourd’hui encore nous retrouvons beaucoup de rythme dans les religions. Les sons sont devenus des références et parfois accompagne la pratique spirituelle.
Pour d’autres raisons, et pour parler de musique en Europe, ce serait Adam DE LA HALLE qui inventa la musique dite profane. Ainsi naquit les trouvères, les troubadours et d’autres appellations. Cette vague émergea et ainsi la musique profane fut née. Un autre rythme, d’autres références, d’autres moyens de s’exprimer, ont pu se libérer et ainsi, par là même, libérer d’autres vagues qui aujourd’hui prennent le nom de slam, de rap etc.
Les musiques profanes sont nées voilà quelques siècles et ont apportés de l’espace dans une extrême trop « conformiste » de l’époque. Cet espace s’est agrandit et nous pouvons aujourd’hui nous apercevoir que nous avons contrebalancé dans une autre extrême. Je parle de musique, mais dans bien des domaines nous avions opté pour le même changement. Était-ce là un moyen de trouver une liberté ? Et cet espace qui semble donner ce sentiment de liberté continu-t-il vraiment dans cette voie ou prodigue-t-il une subversion sous-jacente, un trouble, qui nous éloigne grandement de notre divinité ?
La voie du juste milieu reste encore une place difficile à tenir. Car le besoin d’adrénaline, de dépasser les limites, la compétition, le besoin de ne pas suivre des règles ou encore de ne pas être ordonné suivant un système et donc être en réaction contradictoire, est fortement ancré dans nos cellules. Pour preuve lorsque nous nous confrontons à des limites, nous sommes tout de suite mal à l’aise car nous manquons d’espace et donc de liberté, de fluidité.
La voix du juste milieu nous place dans la connaissance des extrêmes et dans la pratique du non tumulte. S’il y a tumulte et donc désordre, il y a manque d’espace et donc malaise. Que cela soit dans la subtilité ou dans les actions de tous les jours, nous nous en apercevons très vite de ce manque d’espace. La dualité dans ce manque d’espace, c’est que nous nous fourvoyons dans une mauvaise voie en devenant bruyants de plus en plus et, de ce fait, nous nous enlevons de l’espace. Peut être pour nous obliger à changer, nous obliger justement à créer différemment, car ce manque d’espace va nous obliger avec puissance, dans tous les cas, de changer réellement.
Si nous réfléchissons un peu sur un des aspects qui motive notre quotidien, il y a une donnée très importante aujourd’hui. C’est l’heure. Hier c’était le soleil, la nature, les étoiles, les éléments naturel, aujourd’hui c’est plus que jamais, l’heure, le rythme du temps créé par l’homme. Hier nous avions un rythme plus lent; vous souvenez vous des comtoises de nos grands parents ? Le rythme était lent et reposant, à la limite du mal à l’aise; aujourd’hui nous avons rajouté une trotteuse sur nos montres, des buts à atteindre plus rapides les uns que les autres, la compétition, les dépenses, pour tout et n’importe quoi, et le simple fait de pouvoir faire plusieurs choses à la fois nous étiquette comme quelqu’un de bien, même si ce quelqu’un de bien fait les choses à la va vite ou superficiellement.
Pour un chercheur du bien être, du bonheur, se mettre en vacance pourrait s’apparenter à arrêter la pratique. Arrêter de pratiquer. Se mettre en vacance serait de stopper la mobilisation complète de notre être avec autant de ferveur, avec autant d’insistance que nous mettons à résoudre nos problèmes, pour pouvoir relâcher notre corps, pour pouvoir relâcher cet esprit, pour relâcher le mouvement de faire pour faire.
Car même dans la pratique de chaque instant, la pratique peut devenir gênante à l’émergence de notre nature véritable. Le fait de relâcher cet état d’être en mouvement tout le temps, en observation tout le temps, c’est aussi mettre de la place à l’intérieur de nous et donner la possibilité que nous pouvons nous arrêter, que nous pouvons juste regarder, juste voir les choses et non pas être en action continuellement, être en devoir continuellement, être en faire continuellement. Simplement rester là et se regarder, s’observer, méditer. Écouter notre son, notre aspiration, écouter notre voix, écouter nos intentions se pauser, écouter notre être pulser, notre cœur battre, notre respiration, écouter le relâchement de notre corps et voir ce qui apparaît.
Oh ! pas tout de suite car nous avons des années de pratique durant lesquelles nous ne nous sommes pas arrêter. Et comme le tanker, ce bateau de 300 mètres qui transporte du pétrole qui veut s’arrêter au milieu de l’océan doit bien compter sur 1 km pour s’arrêter, nous aurons donc du temps avant de voir émerger, sentir, ressentir, pré-sentir, se rapprocher tellement près de la vie de notre être (physique, subtile et énergétique), comme la mère sent son bébé, et que nous n’aurons de cesse de rester près de nous, avant de faire silence en nous.
Ceci est très important, de se mettre en vacance. Si nous voulons rester en nous, à l’intérieur de nous. Il n’est pas d’autre façon de faire. La méditation peut nous ramener dans ce ressenti, dans cette rencontre, dans cette intimité, dans cette observation. Le vide de notre esprit nous amènera irrémédiablement à nous écouter. Nous ne pouvons pas faire du bruit et avoir une écoute des plus fines d’une musique. Il faut choisir. Et pour le respect de nous, pour le respect de notre vie, de ce qui nous entoure, nous devons nous mettre en vacance. Un moteur quel qu’il soit, ne peut tourner continuellement. Il faut le mettre en maintenance pour contrôler si les pièces de fonctionnement pourront toujours remplir leur fonction.
Ce n’est certes pas l’avis d’un passant, d’une personne étrangère à vous, qui ne vous connaît pas qui pourra vous donner des conseils sur votre mise en vacance, votre corps, vos émotions, vos ressentis, ce que vous aimer ou détester, quelle est votre couleur préférée etc. Vous devez trouver votre mise en vacances.
Se mettre en vacance c’est passer le contrôle, le test de fonctionnement de notre être. Se mettre en vacance c’est aussi arrêter de s’alimenter de pensée, de création de pensées, de s’alimenter en nourriture de la même manière que vous avez l’habitude de faire, s’est aussi de fermer les yeux et de pratiquer d’autres sens. Se mettre en vacance s’est aussi arrêter de créer, de trouver des idées, de bricoler, de marcher, de courir, de jouer. Se mettre en vacance s’est votre intimité profonde. Se mettre en vacance s’est se pauser !
Si nous réfléchissons quelques instants sur l’impact de se mettre en vacance, sur l’impact que peut avoir cette mise en vacance dans notre quotidien et surtout, comment nous allons gérer cela dans toute la phase de mise en vacance, nous pourrons appréciez grandement les interdépendances et les dépendances qui nous enchaînent. Mais ne nous mettons pas de limites car nous en découvrirons bien assez.
Se mettre en vacance c’est prendre des risques. On voici quelques uns. Se mettre en vacance c’est prendre le risque d’oublier, c’est prendre le risque de ne plus être performant, c’est prendre le risque de ne plus contrôler. Se mettre vacance c’est prendre le risque de la spontanéité, c’est prendre le risque de suivre et de ne pas être leader, c’est prendre le risque de s’ouvrir à l’inconnu, c’est prendre le risque de lâcher, de se lâcher. Se mettre en vacance c’est aussi prendre le risque de la justesse, c’est prendre aussi le risque de n’être plus rien et de sentir une force émanée de vous. C’est prendre le risque d’être heureux ou heureuse différemment, c’est prendre le risque d’accueillir.
C’est en vous mettant en vacance que vous saurez exactement ce que veut dire « se mettre en vacance »
Bien à vous